On considère souvent les allergies à certains aliments comme un déclencheur important de la migraine, bien que ce sujet demeure toujours très controversé. De nombreux aliments ont été mis en cause dans la migraine, allant du fromage, du chocolat, des agrumes aux aliments saumurés (comme le hareng), et même la cuisine chinoise. À n'en pas douter, certains aliments peuvent déclencher une migraine chez les gens sensibles, et dans la plupart des cas, le lien entre la consommation de cet aliment et l'apparition de la migraine est si évident que la personne apprend rapidement à éviter l'aliment.
Le produit plus fréquemment mentionné comme déclencheur est l'alcool. Certains alcools contiennent des substances chimiques (appelées substances organoleptiques) qui peuvent affecter directement les vaisseaux sanguins ou provoquer la libération d'autres substances susceptibles d'être impliquées dans la migraine. Le migraineux est sensible à certaines composantes puissantes des boissons alcoolisées. Certains vins rouges en contiennent une ou plusieurs et en conséquence, sont plus susceptibles de déclencher un accès que les boissons plus pures comme la vodka. Ce type de réponse ne constitue pas une vraie réaction allergique.
Une vraie réaction allergique se produit lorsqu'un antigène (la substance qui déclenche une allergie, dans ce cas un aliment suspect) déclenche la production d'anticorps spécifiques que l'on peut mesurer dans la circulation sanguine. Malgré des recherches intensives, on n'a déterminé aucune réaction antigène-anticorps spécifique chez les migraineux après avoir consommé des aliments déclencheurs. Ainsi, on parle plutôt de "sensibilité aux aliments" ou d'"intolérance alimentaire".
Il est alors peu probable que les tests allergiques soient utiles pour la migraine, sauf dans un très petit nombre de cas. Malheureusement, de nombreux praticiens non qualifiés offrent des tests qui ne sont pas scientifiques et, en conséquence, de nombreux migraineux suivent des régimes sévères à long terme, qui eux-mêmes peuvent causer la migraine en raison des carences nutritionnelles.
Plusieurs groupes de chercheurs ont analysé avec rigueur les régimes d'élimination sous surveillance comportant seulement quelques aliments, en ajoutant progressivement d'autres aliments, un par un. Ces régimes ont été profitables pour certaines personnes alors que pour le grand nombre, les régimes étaient trop sévères pour qu'ils puissent les maintenir. Lors d'une étude, 40 % des patients ont abandonné au cours des six premières semaines et à la fin de l'étude, 10 % seulement avaient constaté une amélioration de leurs symptômes.
Quel que soit le lien entre les aliments et la migraine, trop de gens évitent absolument les aliments suspects sans savoir si oui ou non ils contribuent à leurs propres céphalées. Si vous croyez qu'un aliment est un déclencheur, éliminez-le pendant plusieurs semaines en tenant un journal pour voir s'il y a un changement dans vos accès de migraine. Sinon, vous pouvez le réintégrer dans votre régime et éviter un autre aliment suspect. Les régimes d'élimination plus sévères ne doivent être suivis que sous la supervision d'un médecin ou d'un diététiste.
Un régime alimentaire peut être invalidant sur le plan social. Il est très difficile d'éviter une mousse au chocolat ou des fromages français servis avec des vins délicieux au cours d'un souper. En outre, la crainte des effets d'un aliment peut suffire en soi à déclencher un accès.
De nombreux migraineux peuvent contrôler leurs accès en évitant un minimum d'aliments et en mangeant régulièrement, en plus de déterminer et d'éviter les déclencheurs autres qu'alimentaires. Si ces mesures sont inefficaces, alors seulement il peut être utile de consulter un allergologue. Demandez une référence à votre médecin de famille.
Diagnostiquer les intolérances alimentaires
Nombre de praticiens des médecines naturelles se spécialisent dans la mise au jour et le traitement des sensibilités alimentaires, en particulier les adeptes de la kinésiologie appliquée (le toucher thérapeutique) et de l'écologie clinique.
La kinésiologie appliquée soumet les muscles à une épreuve afin de cerner les aliments susceptibles de provoquer la migraine. Ce principe repose sur l'idée selon laquelle un aliment qui affecte le sujet aura également des répercussions sur certains muscles. Autrement dit, l'aliment en question ne provoque pas seulement une migraine, il affaiblit l'ensemble des muscles. Le thérapeute exerce une pression sur le bras du sujet afin de vérifier sa force alors que ce dernier a la bouche vide; il refait ensuite l'essai, alors que le sujet a sur la langue un échantillon d'aliment suspect. Nous n'avons toutefois aucune preuve indépendante de la précision de ce test.
Un écologiste clinique déposera quelques gouttes tirées d'aliments suspects sur la peau du sujet ou il les lui inoculera, bien que cette pratique soit désormais moins répandue. Une inflammation cutanée se forme rapidement advenant que le sujet soit allergique ou sensible. Ces thérapeutes sont souvent docteurs en médecine (en regard des lois de la majorité des États, seul le personnel médical qualifié peut administrer une injection). Le thérapeute peut également superviser de près un régime alimentaire en vertu duquel le sujet ne consommera que des aliments dont on sait qu'ils ne causent pas la migraine, après quoi les aliments suspects seront graduellement réintroduits dans son alimentation, un à un.
